Texts/Textes

Fragile comme la vie

Les dessins de Jakline s'arriment à une structure de fils tenus par un cadre.
Celui-ci lie les objets, enferme le dessin.
Une bouche nouée, un corps tuméfié, un regard ravagé, deux têtes attachées par un tuyau, un homme et une femme, une mère et un fœtus dont le cordon ombilical ne cesse de s'emmêler sont autant d'expressions du supplice, de l'enfermement, de l'emprisonnement physique et mental.
L'espace de cet encadrement étriqué et géométrique met à jour une souffrance sourde et silencieuse. Aucun trajet du fil ne rend possible la séparation, la mise en suspens de cette aliénation.
Viennent alors dans l'abondante production créatrice de l'artiste, des robes-mannequins qui transgressent les règles.
Plus de châssis, mais, pour chacune de ces figures portraits, une structure adaptée à leur fragilité vient soutenir une texture faite de séries de fils, capsules, de bouchons, d'élastiques, de lacets.
La créatrice les coud, les met ensemble. Tous ces objets dans la vie quotidienne servent à maintenir. Mis en série, tissés, taillés comme un vêtement, Jakline les délivre.
Soudain, ils prennent corps. Leur couleur, leur matière, leur forme dévoilent des personnages ludiques, portraits-charge grimaçants et railleurs de la comédie humaine. 

Octobre 2012, Viviane Guelfi

Des kilomètres de fil débobiné.
Tant d'objets, restes oubliés du monde, repérés au fil des déambulations : boutons, pelures, feuilles, os, capsules, lacets, épingles...
Le fil encore, qui entortille et ligote, pour donner corps à la deuxième vie.
Fil de fer.
Dans le cadre se vit un désastre.
Dans le même temps, suspendu, pris dans la toile, le corps lourd, est enfin rendu à l'aérien.
Le dessin, lui, n'a pas pu rester sur la feuille, il a été découpé, cousu, troué, mis en cage... et la figure, rendue au végétal, semble disparaître au bord de ses propres crevasses. 
Mais là, tout au fond, on entend une voix douce.

Octobre 2012, Marie Lebrun
http://www.marielebrun.be/

Regard sur une galerie d’art au grand cœur

Quand notre cœur s’emballe, quand rien n’est contrôlable, par le fait de nos émotions, de nos rencontres, du plaisir, de la nostalgie, de nos états d’âme, de jeux de regards, nous pourrions se dire restons en là.
Mais cette fois-ci, notre cœur sort de notre poitrine, bat si fort qu’il nous atteint, nous éteint ou nous ranime et propage cette chaleur dans notre âme animée, à en avoir mal au cœur, mal au ventre.
Nous savons alors que nous sommes bien vivants, faits de chair et d’os, fragiles et forts à la fois.
Ce changement d’état soudain, nous alarme, nous éclaire, nous nuance, nous assombrit, nous ressemble et puis tout s’arrête. Comprendre nos émotions, pourquoi c’est là ?
Alors que faire ? Les diriger, les faire vivre, les enfouir, les évacuer ?
Comprendre ses petits secrets, certains artistes l’expérimentent ainsi, et le transmettent.
Un élan de sentiments à leur manière car l’élan fut trop encombrant,  insignifiant pour le regard des normes.
Un peu de réflexion, du bon sens, de la simplicité, une sensation enjouée de leur être en éveil, qui est sorti.
Une délicatesse des émotions qui s’est épanouie avec un medium brut en laissant intègrent leurs émois.
Ils savent écouter leur cœur, cela fait peur, ils prennent  des risques et les partagent, encore plus.
Les mains agissent, le cœur dicte, la tète mêle ou s’emmêle, le charme se fait, le talent s’exprime.
Des petits liens se créent entre le palpable et l’impalpable, du fil, du bois,  un papier,  une toile, un crayon, tout peut servir, choisit minutieusement ou par le fait du hasard, raconter une histoire avec des symboles qui nous parlent, qui ressemblent à celle des autres, mais la leur pour une fois.
Faire une composition qui a du cœur, déballer ses entrailles presque.
Ces œuvres qui sont là devant nous, des trésors que l’on vient découvrir.
Avec gêne de savoir qui en sont les protagonistes car ils sont à découverts.
S’en emparer et à notre tour les garder, s’en émouvoir et apprendre à se laisser emporter par l’autre.
Si le cœur vous en dit, Il existe un lieu sans pareil reflétant cela.
Découvrez la galerie à cœur ouvert,  « Le Cœur au ventre ».
27 rue Tramassac 69005 Lyon
Inspirée par le travail de Jakline et Corentin,
26 mars 2013, Miss Fox

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